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Aspartame

 « L’abus de biens et de consommation est un fardeau qui rétrécit l’existence. L’absence d’encombrement procure de l’espace pour penser, et sans doute même pour comprendre. »

John Pawson, Extrait de Minimum

 

essai-affiche-naturelminiLisa se retrouve dans l’appartement de sa sœur jumelle, Maria, pour ranger ses affaires. Elle n’avait plus eu  de ses nouvelles depuis quinze ans. Or Maria s’est tuée dans un accident de voiture. En mettant de l’ordre, Lisa va découvrir des tickets de caisse derrière lesquels Maria notait des réflexions, des poèmes…, une sorte de journal intime. C’est ainsi qu’elle découvrira quelle était la vie de Maria: une vie très stressante partagée entre le travail, les achats et la solitude. Dans cet appartement, les objets semblent vivre et faire revivre Maria On suit quelques scènes de sa vie, quelques-uns de ses états d’âme et son désarroi final.

Entre deux tickets de caisses ramassés par Lisa, Maria nous apparaît tel un fantôme. Elle se raconte avec humour. Elle travaille dur et consomme à corps perdu. Elle aime faire des trouvailles. C’est la compétition, comme dans sa boîte où elle est secrétaire de direction. Sa vie semble structurée et remplie. Mais la pression monte, l’entreprise délocalise et licencie.  Quand son entreprise déménage, elle perd son emploi et avec, son pouvoir d’achat… La vie est à revoir… Les tickets de caisse accumulent les bouteilles d’alcool et les boîtes de tomates pelées. Les amis disparaissent, Maria tient bon puis craque. Reste un journal intime écrit sur des tickets de caisse…

 

Message :

Aspartame, par le biais d’un drame, fait contraster deux philosophies de vie. L’une comble son vide avec des promotions, l’autre a trouvé la douceur de vivre dans l’exil.

Plus qu’une satire de nos « boulimies de consommation », elle brosse à travers l’histoire de Maria et Lisa, le portrait doux-amer d’un quotidien que l’on tente vainement de fuir quand s’installe la solitude. On retrouve l’écriture orale, pointue et limpide, teintée d’humour d’Eric Durnez.

(dixit Nurten AKA et Nathalie Delage.)

Extraits :

Maria : « Faut apprendre à aimer la lutte, aimer la compétition, tu verras, ça devient une drogue, une vraie drogue.  Si tu t’arrêtes, si tu commences à réfléchir, à te plaindre, t’es foutue, Viviane, t’es morte.  Le train ne s’arrête pas.  Tu as voulu respirer deux minutes sur un banc, le train est reparti, la gare abandonnée, tu n’as rien vu venir.  Moi, la pression j’aime ça.  Le stress, les résultats, les objectifs plus 25, c’est un jeu, Viviane, une sorte de grand jeu, c’est comme ça qu’il faut le prendre, un grand jeu… Je lui ai dit à Viviane. »

 

Lisa : «Elle a répété au moins vingt fois que tu n’étais pas du genre à te laisser aller, à te poser trop de questions … et puis ta situation, ta belle situation, toute l’énergie que tu donnais à ton travail, ta carrière, ta confiance en la vie , inébranlable…

Ça SUFFIT !»

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